Diagnostic/Commentaires

Commentaires : L’ochronose exogène est caractérisée par un dépôt de pigment ocre dans le derme donnant un aspect cutané hyperpigmenté bleuté. Elle est principalement secondaire à l’application d’hydroquinone au long court, dans le cadre de dépigmentation volontaire, mais également à l’application d’autres substances (phénol, résorcinol, mercures, acide picrique et injection de quinine). L’hyperpigmentation prédomine au niveau des zones photo-exposées du visage et du décolleté et peut prendre, à un stade évolué, un aspect micro papuleux. Il peut s’y associer, comme chez notre patiente, une pigmentation bleutée du pavillon de l’oreille correspondant à un dépôt de pigment dans les chondrocytes du cartilage auriculaire1. La physiopathologie de l’ochronose exogène est discutée, les topiques inhiberaient l’oxydase de l’acide homogentisique qui s’accumulerait dans le derme, puis se polymériserait pour former les dépôts pigmentaires2. La biopsie cutanée retrouve des dépôts jaune-brun en forme de bananes dans le derme papillaire; une homogénéisation, un épaississement, et une dégénérescence des fibres de collagène peut être observée ainsi qu’un infiltrat inflammatoire modéré qui peut être riche en histiocytes et en plasmocytes. Un infiltrat inflammatoire granulomateux sarcoïdosique associé à des cellules géantes phagocytant les pigments ocres et une élimination transfolliculaire des fibres ocres ont été rapportés. L’analyse en microscopie électronique montre des structures irrégulières nichées dans un matériel granuleux amorphe qui infiltre les fibres de collagène. Il existe également des descriptions en dermatoscopie et en microscopie confocale3. Les principaux diagnostics différentiels sont les autres causes d’hyperpigmentation du visage: l’ochronose endogène ou alcaptonurique, l’hyperpigmentation post inflammatoire, le mélasma, le naevus de Ota bilatéral, l’hyperpigmentation induite par d’autres traitements (amiodarone, minocycline, méthotrexate).
Le traitement de l’ochronose exogène n’est pas facile. L’arrêt du topique responsable, qui peut paraitre paradoxal chez des patients recherchant une dépigmentation cutanée, est essentiel pour éviter la progression des lésions. La photoprotection rigoureuse est nécessaire. La cryothérapie et l’acide trichloroacétique semblent inefficaces tandis que les dermocorticoides, les rétinoides topiques, la dermabrasion, le laser CO2 et le laser Q-switché pourraient apporter quelques améliorations.
L’utilité de la biopsie cutanée montrant des lésions histologiques souvent caractéristiques comme dans notre observation, permet de confirmer le diagnostic dans les cas difficiles à affirmer cliniquement.

Références

1 Petit A. Prise en charge des complications de la dépigmentation volontaire en France. Ann Dermatol Venereol 2006; 133: 907–16.
2 Benmously-Mlika R, Sioud-Dhrif A, Ben Jennet S, Debbiche A, Ben Ayed M, Fenniche S, et al. Ochronose exogène chez une Tunisienne. Ann Dermatol Venereol 2008; 135: 408–9.
3 Gil I, Segura S, Martínez-Escala E, Lloreta J, Puig S, Vélez M, et al. Dermoscopic and reflectance confocal microscopic features of exogenous ochronosis. Arch Dermatol 2010; 146: 1021–5.

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