Diagnostic/Commentaires

La leishmaniose est une maladie parasitaire présente largement à travers le monde, en Afrique, en Asie, en Amérique et en région méditerranéenne. Elle est transmise par piqûre d’un insecte de type diptère, le phlébotome. Elle peut se présenter sous forme d’une atteinte cutanée, cutanéo-muqueuse ou viscérale. On distingue les variants de l’Ancien Monde et du Nouveau Monde.
Les manifestations cliniques de la leishmaniose cutanée dépendent de l’espèce de leishmanie en cause, ainsi que du statut immunitaire de l’hôte. Le diagnostic doit être évoqué devant des lésions cutanées persistantes au retour de voyage. Ces lésions peuvent être unique ou multiples, à type de papulonodules érythémato-squameux associés à des ulcérations pouvant régresser. Elles sont situées au niveau des zones découvertes du corps. Le temps d’incubation entre la piqûre du phlébotome et l’apparition des lésions cliniques varie de quelques semaines à quelques mois.
Habituellement, le diagnostic est posé devant la présence de formes amastigotes intra-cellulaires à l’examen direct sur le frottis d’une lésion, ou si les résultats sont négatifs, par culture ou PCR. Cette dernière permettant d’en préciser l’espèce.
En cas de négativité du frottis de la lésion, ou de doute diagnostic, une biopsie cutanée est réalisée. On retrouve un épiderme souvent hyperplasique. Le derme présente un infiltrat dense polymorphe, fait de lymphocytes, de plasmocytes, de polynucléaires éosinophiles ou neutrophiles et d’histiocytes épithélioïdes, avec ou sans cellule géantes. Les corps de Leishman se présentent sous la forme d’éléments arrondis et basophiles intra-histiocytaires, ils sont parfois peu visibles comme dans notre cas.
L’étude immunohistochimique avec l’anticorps anti-CD1a est une aide précieuse au diagnostic dans les cas avec faible index parasitaire.Le marquage positif est visualisé comme une positivité membranaire avec renforcement du kinétoplaste, ce qui permet de le distinguer d’une positivité des cellules dendritiques. Cette positivité inattendue pour l’anti-CD1a a été révélée par l’équipe de Karram S et al. en 2012 qui étudiait l’élimination transépidermique de la leishmaniose cutanée et souhaitait marquer les cellules de Langerhans. Dans tous les cas évalués, tous les amastigotes étaient soulignés uniformément par le CD1a. Il faut noter que tous les clones d’anti-CD1a ne reconnaissent pas les parasites et seul le clone MTB1 semble fonctionner.
Le diagnostic de certitude de la leishmaniose cutanée est parfois difficile. La biopsie cutanée avec étude immuno-histochimique par l’ anti-CD1a est très utile dans ces cas.

Références

1. Sundharkrishnan L, North JP. Histopathologic features of cutaneous leishmaniasis and use of CD1a staining for amastigotes in Old World and New World leishmaniasis. J Cutan Pathol. 2017. 10.1111/cup.13032.
2. Karram S, Loya A, Hamam H, Habib RH, Khalifeh I. Transepidermal elimination in cutaneous leishmaniasis: a multiregional study. J Cutan Pathol 2012; 39: 406–412.
3. Fernandez-Flores A, Rodriguez-Peralto JL. Morphological and immunohistochemical clues for the diagnosis of cutaneous leishmaniasis and the interpretation of CD1a status. J Am Acad Dermatol. 2016; 74(3):536–543.
4. Fernandez-Flores A. A new scenario in the immunohistochemical diagnosis of cutaneous leishmaniasis. J Cutan Pathol. 2017;1–2.
5. Jabbour, M. , Issa, G. , Charafeddine, K. , Simaan, Y. , Karam, M. , Khalifeh, H. , Habib, R. and Khalifeh, I. (2015), The immune microenvironment in cutaneous leishmaniasis. J Eur Acad Dermatol Venereol, 29: 1170-1179.

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