Diagnostic/Commentaires

Cette lésion rare (une vingtaine de cas rapportés), a été décrite par D.J. Santa Cruz et J. Aronberg en 1988.

Elle présente un aspect clinique caractéristique dit \" en cible \": papulo-nodule central violacé entouré d’un halo de peau saine puis d’un halo purpurique. Cet aspect est fluctuant, transitoire ; il n’est pas indispensable pour porter le diagnostic. Il n’est pas spécifique et peut se rencontrer dans un hémangiome associé à une amylose, dans un histiocytofibrome angiogénique ou dans une maladie de Lyme. Cette lésion est ubiquitaire, acquise ou plus rarement congénitale et de taille inférieure à 1 cm. Elle évolue vers un papulo-nodule brun.

Histologiquement l’association de cette architecture biphasique (vaisseaux dilatés dans le derme papillaire, plus infiltrant, dissociant les fibres collagène du derme réticulaire à l’hypoderme) et la présence de cellules \" en clou de tapissier \" fait le diagnostic. Il n’y a pas d’atypies cellulaires. Il existe souvent un infiltrat inflammatoire lymphocytaire. Les dépôts d’hémosidérine comme l’aspect en cible sont inconstants ; d’où la proposition de E. Calonje et coll. de regrouper toutes ces lésions sous le nom \" d’hémangiome en clou de tapissier (Hobnail Hemangioma) \".

Les diagnostics différentiels sont principalement la maladie de Kaposi et les autres proliférations vasculaires avec cellules en \" clou de tapissier \".
La maladie (ou le sarcome) de Kaposi se distingue de cet hémangiome par:
- L’absence d’architecture biphasique et une atteinte plus diffuse, non \" organisée \" du derme réticulaire.
- Un endothélium \" plat \", une composante cellulaire fusiforme plus nette et la présence de corps éosinophiles intra-cytoplasmiques.
- La présence d’un infiltrat inflammatoire lymphocytaire mais aussi plasmocytaire.
- Par contre les dépôts d’hémosidérine et la dissection du collagène existent dans ces deux lésions.

Les \" tumeurs \" vasculaires qui ont une cytologie en \" clou de tapissier \" sont :
1. Dans le versant bénin :
l’hémangiome en clou de tapissier
2. Dans les tumeurs à potentiel incertain : la tumeur de Dabska (hemangioendothelium épithélioïde endovasculaire malin) et l’hémangioendothélium rétiforme. Ce dernier diffère de l’hémangiome par sa clinique (plaque de 2 à 9 cm) et son architecture (vaisseaux ramifiés rappelant le rete testis).
3. Dans le versant malin : l’angiosarcome. Il touche des patients plus agés. Son architecture est plus désorganisée avec vaisseaux anastomosés. Les papilles sont revêtues d’un endothélium pluristratifié comportant des atypies cellulaires (et mitoses).

Enfin l’évolution de l’hémangiome hémosidérinique en cible est tout a fait favorable caractérisée par l’absence de récidive après exérèse.

Références

1. Calonje E, Fletcher CDM, Wilson-Jones E, Rosai J. Retiform hemangioendotheliua. A distinctive form of low-grade angiosarcoma delineated in a series of 15 cases. Am J Surg Pathol, 1994 , 18 :115-125.
2. Perrin C, Rodot S, Ortonne J.P. Michiels J.F. L’hémangiome en cible hémosidérinique. Ann Dermatol Venereol, 1995, 122 : 11-114.
3. Rapini RP, Golitz LE. Targetoid hemosiderotic hemangioma. J. Cutan Pathol, 1990, 17 :233-235.
4. Santa Cruz DJ, Aronberg J. Targetoïd hemosiderotic hemangioma. J Acad Dermatol, 1988, 19 : 550-558.

Propositions de diagnostics