Diagnostic/Commentaires

Les tumeurs eccrines poroïdes sont des tumeurs cutanées le plus souvent bénignes. Elles appartiennent aux tumeurs annexielles cutanées et sont l’objet d’une complexité diagnostique (notamment en terme d’immunomarquage) de part leur origine, depuis la portion sécrétrice des glandes eccrines jusqu’au pore intra-épidermique.
Sur le plan clinique, ces lésions se présentent le plus souvent sous forme de tumeur unique, saillante, parfois nodulaire, bien limitée, à surface érythémateuse, plus ou moins suintante. La taille dépasse rarement 2 cm. Selon une étude réalisée par Battistella et coll. en 2010, les patients ont 60 ans en moyenne (plus âgés dans les hidroacanthoma simplex) avec un sex-ratio de 1/1.
Le porome classique siège le plus souvent sur les membres inférieurs (28 %), particulièrement sur les plantes des pieds (22 %), mais siège aussi sur le tronc (22 %), la tête et le cou (21 %). Il siège exceptionnellement sur les paumes (2 %). Les 3 autres tumeurs poroïdes ne siègent jamais sur les paumes et les plantes.
Sur le plan histopathologique, ces tumeurs sont constituées de cellules de type poral, d’aspect « basaloïde ».
On distingue 4 types de tumeurs poroïdes bénignes :
- le porome classique (ou trabéculaire)
- l’hidroacanthoma simplex (ou porome intra-épidermique)
- la « dermal duct tumor »
- l’hidradénome poroïde
Le porome classique correspond à une petite lésion épidermique surélevée ou endophytique faite de grandes travées de cellules porales homogènes et avec des canaux, descendant dans le derme moyen et profond. Il s’y associe des images de kératinisation s’accompagnant de groupes de cellules plus volumineuses, polyédriques.
L’hidroacanthoma simplex présente un profil plus « horizontal » faite de nids de cellules porales, exclusivement intra-épidermique.
La « dermal duct tumor » est une lésion nodulaire dermique solide pure (d’aspect identique au porome classique).
L’hidradénome poroïde est un mixte entre porome classique et hidradénome (solide avec vastes zones de distension pseudokystique) en connexion avec l’épiderme.
En immunohistochimie, les cellules tumorales expriment les marqueurs des cellules basales : CK5/6, CK14 (expression diffuse), EMA et P63. Les cytokératines 10 et 1 sont focalement et faiblement exprimées dans les zones kératinisantes par les cellules de grande taille et polyédriques. Les cellules porales n’expriment pas la CK77.
L’histogénèse de ces tumeurs est commune aux 4 entités : il s’agit d’une prolifération de cellules basales épidermiques CK14/CK5+ qui entourent les cellules du tube excréto-sudoral lorsqu’il entre dans l’épiderme (entre la partie haute de la crête du canal sudoral et la partie basse de l’acrosyringium).
Ainsi, la colonisation profonde du tube excréto-sudoral s’expliquerait par le glissement entre la membrane basale et la couche luminale de ces cellules porales. La CK19 marque les cellules luminales exclusivement, dans les zones les plus superficielles de ce canal, tandis qu’elle marque davantage de cellules, incluant des cellules intermédiaires dans les zones les plus profondes, suggérant une induction de la prolifération de cellules sécrétoires, ou une métaplasie des cellules porales en cellules sécrétoires dans ces zones.
L’autre hypothèse est que la crête du canal sudoral, source des poromes ait dans notre cas, une longueur importante, allant du peloton sudoral à l’épiderme.