Diagnostic/Commentaires

La botryomycose (autrefois dénommée sous les termes d’actinophytose staphylococcique, de bactériose à grains, d’actinobacillose et de pseudomycose bactérienne) est une affection suppurative bactérienne chronique et récidivante, atteignant habituellement la peau et les tissus sous-cutanés, et plus rarement les viscères notamment dans un contexte de trouble de l’immunité.

Cette pathologie a été décrite la première fois par Bollinger en 1870, qui rapporte quelques cas de lésions granulomateuses sur des nodules pulmonaires développés chez des chevaux après castration. En 1884, Rivolta avec la même impression que l’agent causal de la maladie est de nature fungique, propose le terme de botryomycose ( du grec « botrys » : grappe de raisin, en raison de l’apparence histologique des grains). Ce n’est qu’en 1914 avec les travaux de Magrou, que l’origine bactérienne de la maladie est établie (1). Le principal agent causal de la botryomycose est en effet le Staphylocoque auréus, d’autres bactéries ayant plus rarement également été rapportées, et parfois en association (Pseudomonas aeruginosa, Streptococque, E coli...) (2). Il s’agit d’une pathologie rare, essentiellement décrite chez des patients atteints de diabète, de pathologies hépatiques et rénales, d’alcoolisme, de mucoviscidose, de HIV (3) et autres troubles immunitaires ( dont le Sd de Job’s (5)). Les traumatismes semblent également être un facteur prédisposant. La présentation clinique est variable, le plus souvent à type de plaques verruqueuses, de lésions ulcérovégétantes sanieuses, de nodules fermés ou abcédés, de pseudotumeur inflammatoire multifistulisée, volontiers assymptomatiques, et sans tendance à la guérison spontanée.

Chez les patients immunocompétents (le plus souvent des agriculteurs soumis à des traumatismes répétés avec intrusion de corps étrangers), les lésions siègent fréquemment aux extrémités . Des localisations au visage, sur le tronc et la région périnéale ont également été rapportées (1). Les lésions disséminées surviennent chez des patients immunodéprimés et peuvent s’accompagner d’une atteinte viscérale (3) (++ pulmonaire..). Les principaux diagnostics différentiels sont le mycétome fongique, l’actinomycose, et les mycobactérioses atypiques. La visualisation des grains bactériens est indispensable au diagnostic. L’examen histologique montre la présence de grains amorphes, en règle abondants, au sein d’un infiltrat dermique à polynucléaires neutrophiles, et le plus souvent enrobés d’un cément éosinophile (4) ( phénomène de Splendore- Hoeppli ). Les colorations de Gram mettent en évidence la présence de bactéries.

Le diagnostic est confirmé par la culture bactérienne à partir d’une lésion cutanée. Les prélèvements mycologiques et mycobactériologiques sont négatifs. La pathogénie n’est pas clairement établie mais résulterait d’un déséquilibre entre la virulence de l’agent infectieux et la résistance du tissu hôte (1).

Le traitement consiste en une antibiothérapie prolongée (bactrim, minocycline…), avec des effets aléatoires, et parfois associée à une excision chirurgicale.

Références

1. Mehregan DA, Su WP, Anhalt JP. Cutaneous botryomycosis. J Am Acad Dermatol 1991;24:393-396.

2. Saadat P, Ram R, Sohrabian S et al. Botryomycose caused by Staphylococcus aureus and Pneumocystis carinii in a patient with acquired immunodeficiency disease. Clin Exp Dermatol 2008,33; 266-269

3. Ahdoot D, Rickman LS, Haghighi P, et al . Botryomycosis in the acquired immunodeficiency syndrome. Cutis 1995; 55:149-151.

4. Cribier B. Botryomycose et grains bactériens. Lettre à la rédaction. Ann Dermatol Venereol 1992 ;119 :769-770
5. Bulengo-Ransby SM, Headington JT, Cantu-Gonzalez G et al. Staphylococcal botryomycosis and hyperimmunoglobulin E (Job’s) syndrome in an infant. J Am Acad Dermatol 1993; 28:109-111.

Propositions de diagnostics