Diagnostic/Commentaires

La conidiobolomycose fait partie des entomophtoromycoses. Elle est due à Conidiobolus coronatus, champignon saprophyte de l’humus et du terreau. C’est une mycose tropicale et subtropicale rare que l’on retrouve en Afrique de l’est, en Amérique du Sud, en Inde, en Arabie Saoudite, Taiwan et Oman. L’épidémiologie est mal connue, elle semble atteindre plus particulièrement les personnes vivant en zone humide, mais des cas ont été décrits dans des zones sèches. Elle touche surtout les adultes jeunes entre 20 et 30 ans et particulièrement les hommes, cependant des cas sont retrouvés aussi chez des patients plus jeunes et des femmes. Elle atteint les muqueuses nasales, des sinus, du pharynx puis les tissus sous cutanés de la face chez des sujets immunocompétents. Elle entraîne une infection chronique et indolore avec des lésions hyperplasiques parfois spectaculaires. Le traitement médical habituel est l’iodure de potassium et/ou les imidazolés mais, il n’est pas toujours suffisant. Il faut alors recourir à la chirurgie. La conidiobolomycose a un tropisme nasal et se traduit par une tuméfaction narinaire obstructive, sous forme de granulome muqueux s’étendant aux tissus adjacents de façon impressionnante avec, à terme, un risque d’asphyxie. Une forme disséminée a été décrite chez l’immunodéprimé. Le diagnostic histologique est basé sur la présence de larges filaments mycéliens de calibre très irrégulier, rarement septés, à paroi fine. Les branchements sont irréguliers, parfois en angle droit. Il existe, autour des filaments, la présence d’une réaction de type Splendore-Hoeppli. Les colorations spéciales comme le Gomori Grocott ou le PAS sont utiles mais généralement ne colorent pas les filaments mycéliens aussi fortement que pour les autres champignons. Le plus souvent très peu de filaments sont retrouvés. On observe un tissu de granulation avec des cellules géantes multinucléées et de nombreux polynucléaires éosinophiles, avec parfois des micro-abcès nécrotiques contenant quelques filaments. Au total, il s’agit d’une infection autochtone, dont les aspects cliniques évoquent rapidement le diagnostic. Sans l’aspect clinique connu, le diagnostic peut faire discuter les formes rares de mucormycoses à celles géantes ou les infections sinusiennes à bipolaris.

Références

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2. Carrere C, Simon F, Moncade F, Martet G. A case of nasal entomophtoral phycomycosis observed in a arid African region (Somalia). Med Trop 1994; 54 ; 239–241.
3. Maslin J., Morand JJ, Camparo P. Zygomycoses et blastomycoses. Med Trop. 2003 ; 63; 23-27.
4. Walker SD, Clark RV, King CT, Humphries JE, Lytle LS, Butkus DE. Fatal disseminated Conidiobolus coronatus infection in a renal transplant patient. Am J Clin Pathol. 1992; 98; 559-64.

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