Diagnostic/Commentaires

De multiples pathologies peuvent prendre l'aspect de nappes ou nodules de cellules histiocytaires ou histiocytoïdes. Schématiquement, on peut séparer plusieurs catégories :
1. Un granulome épithélioïde ± giganto-cellulaire, comme une sarcoïdose, une pathologie infectieuse ou une maladie systémique, pourrait présenter cet aspect.
2. Une localisation d'une hémopathie myéloïde pourrait être envisagée (1). Une localisation de leucémie aiguë myéloïde sera évoquée devant un infiltrat monomorphe de cellules exprimant la myéloperoxydase et le lysozyme. Il faudra penser à une leucémie myélo-monocytaire chronique devant une infiltration par des cellules clivées présentant une discordance entre l'expression du CD68 et la négativité du CD163.
3. A l'interface entre une pathologie inflammatoire et une pathologie myéloïde, on peut citer le syndrome de Sweet histiocytoïde (ou syndrome de Sweet lymphocytaire), associant une présentation clinique de syndrome de Sweet et un infiltrat mononucléé immature exprimant le CD68 et la myéloperoxydase (2).
4. Ne pas passer à côté d'un lymphome cutané, qu'il soit composé de lymphocytes tumoraux histiocytoïdes, ou qu'il renferme des granulomes épithélioïdes associés à l'infiltrat tumoral. Au sein des lymphomes T, un mycosis fongoïde (MF) transformé, granulomateux ou chalazodermique, ainsi qu'une lymphoprolifération T cutanée CD30+ peuvent être évoqués. Les MF granulomateux et chalazodermique partagent une présentation histopathologique très proche, mais différent sur le plan de la clinique, le MF chalazodermique étant localisé au niveau des plis avec un relâchement cutané et présentant des images d'élastophagie (4). Enfin, un lymphome B centro-folliculaire cutané à type de \"lymphome de Crosti\", initialement décrit comme un \"réticulo-histiocytome du dos\", se caractérise par la présence de cellules néoplasiques B histiocytoïdes (5).
Au total, devant une lésion \"d'allure histiocytaire\", bien se poser la question de la nature de ces cellules, s'aider des renseignements cliniques et de l'immunohistochimie (CD3, CD163, CD30) pour ne pas passer à côté du diagnostic.

Références

(1) Benet C, et al. Am J Clin Pathol. 2011
(2) Vignon-Pennamen et al. Arch Dermatol 2011
(3) Kempf et al. Arch Dermatol 2008
(4) Vergier at al. Blood 2000
(5) Vezzoli et al. dermatology 2011

Propositions de diagnostics